Caussade est une commune française de l'arrondissement de Montauban, située dans le département de Tarn-et-Garonne associé à la région Midi-Pyrénées.
Caussade, ancienne ville du Quercy blanc ou Bas-Quercy, située dans les coteaux du Quercy, est surnommée « la cité du chapeau », en raison de la grande tradition chapelière. En particulier, le chapeau de paille, le fameux canotier, confectionné à Caussade connaît un apogée commercial à la fin du XIXe et au début du xxe siècle.
Ses habitants sont appelés les Caussadais et les Caussadaises.
Toponymie
La commune prend son nom de l'occitan caussada, équivalent du français « chaussée » (l'un et l'autre issus d'un bas latin (via) calciata, désignant une route formée de pierres bien tassées, de calciare, « fouler pour tasser ») et connu en toponymie dans le sens de « grande route », « route aménagée »1. En Béarn, on appelle « caussade » une chaussée, un chemin, une rue. « Caussade » signifierait une route ou bien un endroit de ruelles, de chemins pavés, entrelacés, bref un lieu d'habitat aggloméré2.
À rebours, le toponyme a donné naissance à une variété de poules communes dans le Sud-Ouest et en particulier dans le Tarn-et-Garonne. Sous des appellations également connues de gasconne ou béarnaise, cette gallinacée à la chair fine est bonne pondeuse.
Géographie
En deux kilomètres, la mutation de paysage géologique est bouleversante aux yeux du géomorphologue averti. Quittant le causse de Limognes et son prolongement occidental et méridional sous forme de bas plateau jurassique, une descente s'effectue par l'ancien golfe oligocène de Monteils pour arriver à l'ancienne plaine alluviale quaternaire de l'Aveyron. Celle-ci se réunit à celle du Tarn en aval de Montauban. Le causse, zone karstique aux milieux édaphiques pauvres et secs a laissé place à de riantes vallée vertes et fruitières, comme on en trouve communément dans le Val de Garonne. La différence s'explique par le sol et le socle géologique3.
Les causses calcaires sont perméables, à l'exception notable des fonds de dolines ou encore des ouvalas tapissés d'argiles de décomposition, de dépôt sidérolithique ou phosphoreux. Les précipitations annuellement parfois supérieures à 850 mm d'eau n'alimentent après infiltration sur le plateau que les vallées.
Caussade, chef-lieu de canton dans l'arrondissement de Montauban, est dans la vallée de la Lère morte, affluent de l'Aveyron. La commune compte 3042 logements et 5971 habitants au recensement de 1999. Le taux de propriétaire s'élève à 51,7 %.
La densité de population s'élève à plus de 130 habitants par kilomètre carré4. La commune forme avec sa voisine Monteils une petite agglomération de 7046 habitants en 2004.
Archéologie
Les stations gallo-romaines sont nombreuses autour de Caussade. En particulier, à La Bénéchie, des vases, médailles, bronzes, des monnaies d'or et deniers d'argent frappés en particulier à l'époque de Titus, des fuseaux en bois attestant l'activité textile lainière ont été mis au jour au fond de réseau de puits autrefois comblé vers 17105.
Pourtant, la plupart des dépôts de matière céramique ne peut être associée à la période gallo-romaine. L'observation montre qu'ils datent de la fin de l'époque médiévale ou surtout de l'époque moderne. Ces vestiges de fours ou ces reliquats de dépôts de leurs productions, sous forme de briques et de tuiles, sont situés près des lieux habités, fermes ou villages.
Une histoire exemplaire du Bas-Quercy
Le Quercy méridional constitue déjà un monde à part au sortir des défrichements du xiie siècle. Le prodigieux essor de la bastide de Mons Albanus ou Mont Alban, permet à la ville neuve de Montauban de rayonner sur le plat pays où convergent les rivières Tarn et Aveyron vers le fleuve Garonne et ses proches abords. Au détriment de la vieille abbaye de Moissac, l'austère cahorsin Jacques Duèze, pape sous le nom de Jean XXII, scelle cette domination en créant l'évêché de Montauban en 1317.
Suite au démembrement du comté de Rodez en 1486, Caussade devient le chef-lieu fortifié d'une baronnie. Le dernier comte de Rodez, Charles d'Armagnac a constitué en faveur de son fils bâtard Pierre cette seigneurie englobant La Française, Molière, Montalbat et Sainte Livrade. En 1562, la baronnie échoit au cardinal Georges d'Armagnac : elle est en représailles saccagée par le huguenot Duras. Georges d'Armagnac la vend en 1583 à Jacques de Villeneuve, prieur de la Daurade à Toulouse. Le neveu du prieur la revend au duc de Sully. Le fils du duc la cède en gage à la famille Alliès qui la conserve jusqu’à la Révolution.
L'évêché de Montauban légitime l'espace public qui s'émancipe encore plus vigoureusement avec la généralité française de Montauban, sous l'appellation administrative de Bas-Quercy, en 1635. Caussade dépend de l'élection et de l'intendance de Montauban et du parlement de Toulouse. Contrastant avec le lent effacement du Haut-Quercy, les deux derniers siècle de l'Ancien régime attestent l'apogée économique de ce pays méridional intelligent et prospère, par une agriculture diversifiée, une viticulture et arboriculture raffinée et une dynamique industrielle remarquable, impulsée par le textile et la minoterie.
Univers religieux[modifier | modifier le code]
L'église de Caussade, avec sa nef unique et son chevet à pan coupé, est caractéristique du gothique méridional. Le clocher polygonal de type toulousain rappelle aussi l'entrée en pays aquitain de molasse et de briques d'argiles.
Caussade devient dès 1560 une bastide protestante, dans l'orbite de Montauban, la capitale des Réformés du Sud-Ouest. Assiégée, la petite place forte calviniste se rend aux troupes de Louis XIII pendant la première campagne de 16216.
Monde agricole[modifier | modifier le code]
Du xviie au xviiie siècle, l'attraction bordelaise commence à toucher les vallées du Quercy blanc. La polyculture ancienne, çà et là complétée par des cultures tinctoriales et textiles, cède sa place. Les cultures industrielles régressent dès 1830, mis à part le tabac.
Après 1850, les cultures fruitières et maraîchères caractérisent les bons pays de la Garonne. Jusqu'en 1900, le transport ferroviaire incite des terroirs à la production et l'exportation lointaine de tomates, petits pois, haricots, oignons, asperges et choux-fleurs, voire artichauts et melons en quelques contrées. Après les crises de la vigne, touchées par le phylloxera, entre 1880 et 1900, les cultures fruitières prennent un essor, en particulier prune, cerises et raisins de table.
Les mutations économiques de la France industrielle après 1850 ont dramatiquement accru les émigrations vers les pays attractifs, soit les grandes villes de vallées, soit les contrées au nord, causant un exode rural aggravé par le prélèvement des guerres mondiales. Caussade, plus favorisée que les hauteurs des causses et recueillant un apport local en complément, n'en a pas moins échappé à une chute démographique.
Une singularité industrielle[modifier | modifier le code]
L'industrie du chapeau de paille est d'abord née d'une idée d'industrie artisanale, employant les pailloles, tressées par les gardeuses de brebis des causses comme chapeau de paille. Rassemblées à Caussade et à Septfonds, les pailloles y sont cousues et servent à la confection de chapeaux. L'initiative provient de la dame Pétronille Cantecor (1762-1846), née "Gleye" au lieu-dit Bourrou, paroisse Saint-Martin de Cesquières, commune de Caussade et à l'origine paysanne vendeuse sur le marché. En 1860, les services du chemin de fer font naître l'industrie chapelière, puisqu'ils transbordent facilement sur le quai de la gare les lourdes machines modernes. Bientôt la paille locale est insuffisante, elle est importée d'Italie ou sous forme de paille de riz d'Extrême-Orient.
Bénéficiant de l'arrivée du chemin de fer, Caussade attractive reprend un léger essor démographique. Le recensement impérial publié le 10 janvier 1867 dévoile une population communale de 4 208 habitants, dont plus de la moitié, soit 2 495 se regroupe dans l'agglomération caussadaise.
Mais la stagnation démographique laisse la place à une lente régression. Au tournant des années 1880, la jolie petite ville du midi au milieu d'une belle et fertile plaine, appréciée dans les guides de tourisme, est à 22 kilomètres au nord-est de Montauban par la voie ferrée. Cette petite ville chef-lieu de canton qui conserve des maisons du xiiie siècle et xive siècle est bien bâtie autour de larges boulevards provenant des anciennes fortifications et, largement étendue par ses faubourgs, dépasse encore 4 000 habitants. Des fabriques de chapeaux de pailles, d'étamines et de cadis animent son cœur de la vieille ville, alors qu'à son voisinage ou dans ses environs, un nombre considérable de four à chaux et de briqueterie restent en activité. Le comice agricole valorise les productions agricoles, fruitières et des élevages du canton. Une station d'étalons confirme l'antique qualité des fourrages de la plaine. Outre la toile commune, le commerce jadis florissant de grains, de farine, de safran, de fruits, de truffes et de volailles se maintient.
La mode chapelière subit les aléas de la mode et aussi les crises. Mais les chapelleries sont encore actives en 1930, elles emploient d'autres matières, le feutre ou les textiles de bonneterie. La confection prend ainsi le relais.
En 1923, Caussade compte 3 630 habitants. Par la route, le bourg est à 24 kilomètres de Montauban. Il est desservi par le chemin de fer Orléans-Limoges-Toulouse. Les activités par ordre d'importance sont l'électromécanique, les chapelleries, les grains, l'élevage de volailles renommées et les phosphates.
La gare de Caussade sert à l'exportation des phosphates de chaux. Les gisements des cantons de Caylus, Caussade et Saint-Antonin sont exploités depuis 1870 par une société industrielle, la Compagnie des Phosphates du Midi. Ces masses compactes de phosphorites blanchâtres, pâles ou grisâtres ou colorées en jaune ou rouge, assez semblables à de la calamite, sont aussi broyées et employées comme engrais localement7.
Caussade est également le siège social de grands groupes internationaux tels que Caussade Semences (création et mise sur le en marché de la génétique pour les grandes cultures et les productions fourragères) et APEM (interfaces homme-machine)
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